A l’école de l’inclusion d’une autre façon

L’école à l’ITEP, c’est l’occasion de faire un pas de côté par rapport aux attendus des programmes officiels et autres exigences institutionnelles, grâce à « l’environnement » de l’Institut et ses véritables plateaux techniques propices à des pratiques transdisciplinaires.

«Ça me fait du bien. Et ça leur fait du bien aussi !».

Timéo est tout sourire quand on lui demande ce qu’il pense de l’après-midi que ses copains et copines de son CM1-CM2 de l’école de Polminhac, passent à l’ITEP. Un événement rare, qui mérite qu’on s’y attarde.

Répartis en trois groupes, les 22 écoliers sont venus participer à trois ateliers, à tour de rôle : bricolage et pâtisserie avec Grégory et Georges, éducateurs techniques, découverte du monde avec Paul, enseignant spécialisé.

Dans le premier, on mesure, on perce, ou coupe, on plante. A la sortie ? Un mini potager en bois et verre où poussera du basilic. Sur les établis, entre les outils, on s’initie à la « technologie », une matière peu abordée à l’école élémentaire.

Dans le deuxième, on chauffe, on remue, on étale, on lèche en cachette le chocolat échappé d’une cuillère. Résultat ? Des petits poissons, gros œufs et autres belles poules de Pâques qui seront vendus au profit de l’Association des Parents d’Elèves de l’école pour notamment financer une semaine à la mer au mois de juin. Au menu, cours de chocolaterie dans une vraie cuisine de professionnel, avec tabliers et toques.

Dans le troisième, plus classique, on apprend tout sur le cacao, son mode de culture, les pays où il est produit, ses qualités nutritionnelles. Et on repart avec un livret très complet, après cette leçon d’éducation à l’alimentation.

Pendant plus de 3 heures, Martin, Lily, Sarah, Sacha et les autres apprennent autrement. « Ici, on laisse parler l’intelligence des mains » souligne Grégory, éducateur technique.

Ici, on découvre un établissement inconnu où les élèves ne sont jamais venus. Pourtant, ils passent toutes leurs matinées avec Timéo. Mais c’est lui qui tous les jours fait le chemin de l’ITEP vers l’école. On appelle ça l’école inclusive, qui vise, selon la définition de l’Education Nationale à « assurer une scolarisation de qualité pour tous les élèves par la prise en compte de leurs singularités et de leurs besoins éducatifs particuliers ».

Alors pour une fois, on bouleverse un peu le programme en inversant les rôles. En amenant toute la classe à l’ITEP, « on rééquilibre le principe de l’école inclusive» se félicite Paul Valentin, enseignant spécialisé de l’ITEP, « aujourd’hui, nous accueillons des élèves hors champ du handicap car nos pratiques différenciées peuvent créer un décalage, insuffler une bouffée d’air et constituent un atout apporté par le secteur spécialisé vers l’école dite ordinaire ».

Julien Valette, l’enseignant de la classe de CM1-CM2 et directeur de l’école, est ravi de ces nouveaux liens qui se tissent entre les établissements qui existent dans le village, lui qui plaide pour la construction de passerelles entre toutes les structures de proximité œuvrant dans le domaine de l’enfance et de la jeunesse. Pour les instituteurs, c’est aussi l’occasion de faire un pas de côté par rapport aux attendus des programmes officiels et autres exigences institutionnelles, grâce à « l’environnement » de l’ITEP et ses véritables plateaux techniques propices à des pratiques transdisciplinaires. Il s’agit de mieux digérer la leçon sur les « grandeurs et mesures » que les élèves ont parfois du mal à appréhender sur le papier ? Direction la cuisine où avant de se régaler, il faudra traduire les centilitres en litres, les kilos en grammes, autour de casseroles fumantes plus motivantes que les cahiers aux parfums moins alléchants.

Il y a quelques mois, l’école de Yolet avait déjà poussé les portes de l’ITEP pour des « leçons » grandeur nature. D’autres groupes pourraient suivre, toujours avec la même envie de conjuguer l’inclusion à tous les temps et sur tous les modes.